it's me, Alex R. James darling !
Date d'inscription : 12/07/2009 Nombre de messages : 19
| Sujet: « Live and let die » { Pv. Pearl Jeu 6 Aoû - 6:25 | |
| « Chacun n'est devenu tout à fait soi-même que le jour où ses parents sont morts. »
- Henry de Montherlant -
Il y avait une éternité que Alexander n'avait pas mis dans les pieds dans un cimetière. Cela remontait à l'enterrement de son père il y avait un peu plus de six ans. Le deuil avait été une longue et pénible période durant laquelle il avait préféré être seul et où il s'était renfermé en refusant au fond de lui même d'admettre que son père était vraiment mort et que la vie qu'il avait toujours cru qu'il vivrait était parti en même temps. Au fond, Alexander Ryan James n'avait strictement rien à envier à qui que ce soit. Il avait vingt-et-un ans - majeur et vacciné -, il avait en poche depuis un peu moins d'un an un diplôme du domaine qui l'avait toujours passionné du plus loin qu'il se souvienne et, contrairement à ce qu'il avait toujours été forcé de vivre dans sa jeunesse, il inspirait le respect à tout ceux qu'il rencontrait. Grand, musclé, traits forts, il était bien difficile de faire avaler à celui qui le croisait pour la première fois le fait qu'il avait passé ses années à la petite école et même au lycée à se faire rejeter parce qu'il avait une apparence qui poussait aux préjugés. Il avait tout vécu ; certains l'avaient haï pour son accoutrement souvent miteux, d'autres parce qu'il n'avait jamais vraiment semblé s'intéresser aux filles - vous vous doutez ainsi de la conclusion que les gens en avaient tiré -. Pour résumer sa vie, on pouvait dire que ses cinq premières années avaient été dignes d'un paradis terrestre, les dix suivantes un véritable enfer, et les cinq dernières jusqu'à présent n'avaient servi qu'à se remettre des blessures qu'il avait accumulées antérieurement.
Du plus loin qu'il puisse se souvenir, Alexander avait toujours eu cette étrange, mais véridique, ça il l'avait appris avec le temps, impression qu'il était seul. Il y avait bien sûr eu quelques personnes qui lui avaient donné l'impression d'être présentes pour lui, mais elles avaient toutes sans exception décidé de partir à un moment ou à un autre. Le meilleur exemple était bien entendu sa soeur, Athena, qui avait quitté la résidence familiale quelques années après la mort de leur père en l'abandonnant, lui et sa pauvre mère. La rancoeur s'était avec le temps adoucie, mais elle était toujours tapie quelque part au fond du coeur du jeune homme. Il y avait de ces blessures que même le temps ne pouvait pas effacer... Bref, cette visite au cimetière n'avait rien d'habituelle. Les motifs qu'avait eu Alex ? Simplement l'envie, peut-être la curiosité. Les temps avaient changé. Il se sentait toujours aussi seul, mais il avait appris à l'accepter et même à apprécier. La solitude était au fond une certitude de ne pas être déçu, car lorsqu'on était seul, il était impossible d'être déçu par les autres et encore plus de les décevoir soi-même. Cette pensée l'avait longtemps démoralisé, mais il avait su plutôt s'en réjouir. Toutefois, il y avait un sentiment à l'intérieur de lui qui était malgré tout resté pur et net, et il s'agissait du respect et de l'amour qu'il avait toujours éprouvé à l'égard de son père. Ironique, certes, car c'était la mort de ce dernier - dans laquelle Alex aurait d'ailleurs eu des raisons de lui en vouloir - qui l'avait forcé à aimer la solitude, à s'en faire une vie. Il y avait et il y aurait toujours des choses impossibles à expliquer.
À ce jour, le cadet de la famille James avait toutes les chances de son côté de devenir le grand journaliste qu'il avait toujours rêvé d'être. Le jeune homme était bien conscient qu'il était nécessaire dans un pareil milieu d'avoir des contacts et des relations établies avec les autres, mais il pensait également que cela était de toute façon possible uniquement par intérêt, sans avoir à s'engager réellement d'une quelconque façon envers qui que ce soit. Il avait d'ailleurs réussi à vivre ainsi durant ses années à l'Université : se faire aimer des enseignants pour ses bonnes manières, ses belles paroles et son talent incontestable, ainsi que s'attirer les sympathies des autres et les regards des filles, mais il ne s'était jamais véritablement intéresser à la personne de qui que ce soit d'autre. Détrompez vous, il ne s'agissait pas du tout d'égoïsme de la part du jeune homme qui avait la générosité pour principale qualité, mais simplement, c'était dû au fait qu'il voulait à tout prix éviter de souffrir comme il avait tant connu la souffrance autrefois. Debout devant une tombe où reposait une personne qu'il n'avait jamais vu de sa vie, il souriait doucement d'un air paisible. L'important n'était pas qu'il soit là où son père reposait - si tel avait été son objectif, il aurait été bien loin du but -, mais plutôt d'être dans un endroit comme un cimetière. L'endroit en tant que tel lui donnait l'impression, peut-être illusion, d'être près de ce dernier. Il soupira doucement en déposant des fleurs sur la tombe. Le nom d'une femme y était inscrit. Il n'avait pas choisi cette tombe pour une raison particulièrement, seulement le hasard. C'était un symbole, quelque chose du genre....
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